Saint-Etienne-du-Mont

Le Quartier latin n’a pas toujours incarné l’insouciance estudiantine. Balzac y situe par exemple la pension misérable où décède le père Goriot. Les funérailles du pauvre homme seront expédiées dans la nef presque déserte de la splendide église Saint-Étienne-du-Mont, joyau de la montagne Sainte-Geneviève.

Au XIIIe siècle, la population aux abords de l’abbaye Sainte-Geneviève est en pleine croissance. L’abbatiale de Sainte-Geneviève ne suffit pas, il faut plus de place pour accueillir les fidèles. Dès lors commence l’histoire mouvementée de Saint-Étienne-du-Mont, jalonnée de rivalités entre l’abbaye, de batailles de procédure et d’interruptions des travaux dues aux guerres de religion.

Le voyageur, lui, sent remonter en lui des souvenirs de lecture plutôt que de cours d’histoire. Pour lui, le Quartier latin est associé aux personnages de la Comédie humaine de Balzac, à une époque où ces petites ruelles abritent une population pauvre, exclue de la flamboyante vie parisienne.

Alors qu’il surplombe la superbe façade de Saint-Étienne-du-Mont, c’est la figure du père Goriot qui surgit en premier à son esprit, ou plutôt la scène de ses misérables funérailles à l’église Saint-Étienne-du-Mont, expédiées en vingt minutes chrono. Le cortège funéraire se rendra ensuite au Père-Lachaise.

C’est là, juste après sa mise en terre, que Rastignac prononce son célèbre « À nous deux maintenant ! » à l’adresse de Paris et de sa bonne société, qu’il compte bien conquérir. Pour cela, il lui faudra nécessairement quitter ce maudit Quartier latin. Le piéton voyageur lui aussi poursuit son chemin, souriant en s’imaginant lui-même en Rastignac. Paris est à lui.

L’église Saint-Étienne-du-Mont est une remarquable réalisation, sur un site associé au culte chrétien depuis le Ve siècle : non loin se tenait la puissante abbaye Sainte-Geneviève, fondée par Clovis en 502, aujourd’hui détruite.

Une première église est édifiée à partir de 1220 pour accueillir les fidèles toujours plus nombreux. Mais le bâtiment actuel a été construit par tranches successives, entre 1442 et 1626. Il en résulte une architecture composite, entre éléments médiévaux, gothiques flamboyants et ornements de la Renaissance. On y trouve en outre les tombeaux de Jean Racine et de Blaise Pascal.