Les Invalides, un musée qui sort du rang.

Deux églises, dont une royale, un dôme, le tombeau d’un empereur et un musée entièrement consacré à l’armée : voulu par Louis XIV pour assurer à ses vieux soldats une retraite paisible, l’hôtel des Invalides offre aujourd’hui un remarquable ensemble d’architecture militaire et d’étonnantes découvertes.

L’ensemble a fière allure quand on arrive par l’esplanade : des bâtiments tout en longueur, une façade classique, dont l’austérité est allégée par les courbes harmonieuses et dorées du dôme qui la chapeaute. Des mascarons au-dessus des fenêtres, des lucarnes coiffées de casques et un élégant portail. La cour d’honneur, bordée d’arcades, est tout aussi épurée : Chateaubriand l’appelait le « cloître militaire ».

Les bâtiments qui la bordent accueillaient autrefois les chambres, les réfectoires et des ateliers, calligraphie, enluminure, tapisserie : il fallait bien occuper les militaires à la retraite pendant la journée. Ils abritent désormais le musée de l’Armée.

Les collections sont exceptionnelles, divisées en plusieurs espaces : le département ancien, jusqu’au XVIIe siècle, le département moderne, de Louis XIV à Napoléon III, les deux guerres mondiales et l’Historial Charles de Gaulle. Aménagées dans les anciens réfectoires, les salles du bas sont décorées de scènes de bataille des guerres de Louis XIV : elles sont restées longtemps recouvertes d’un badigeon bleu avant d’être restaurées en 2005. On est accueilli par un cavalier en armure, monté sur son cheval caparaçonné : impressionnant !

Cette salle dite Royale conserve les plus belles pièces de la Couronne. Comme cette délicate arbalète de chasse, ornée d’un dauphin : un C placé sous une couronne royale la fait attribuer à Catherine de Médicis.

La jeune épouse d’Henri II était une passionnée de chasse : c’est elle qui a inventé la monte en amazone. Ici, une armure en fer noirci aux fines incrustations d’argents, croissants de lune, arc et carquois, dauphins, et les lettres H et C : celle du jeune Henri II, réalisé par deux célèbres armuriers milanais, Filippo et Négroli. Là, l’épée d’Henri IV, dont la lame s’orne des douze signes du zodiaque. Une armure d’enfant, celle du futur Louis XIII à 9 ans : elle pèse quand même 20 kgs. Le parcours se poursuit avec l’évocation de la guerre au Moyen Âge.

Incroyable la diversité des formes et des noms des caques et des heaumes : salade, crapaud, bassinet à bec, bec de passereau, barbute….

Que d’imagination dès qu’il s’agit de faire la guerre ! Même exubérance de formes et de modèles dans les époques suivantes, avec les épées, les boucliers, les pistolets, comme cet étonnant pistolet à 3 canons, ce poignard décoré d’un crucifix ou cette épée qui fait aussi office de fusil.

Le visiteur va de surprise en surprise : une armure ciselée comme une pièce d’orfèvrerie, une tenue de samouraï décorée d’une grue ou cette extraordinaire bourguignotte, sorte de casque recouvert d’écailles et surmonté d’une gueule de griffon… On en oublierait presque la guerre…