Le square du Vert-Galant

Ce square allie les plaisirs d’une île enchantée, l’horreur d’un supplice historique, une statue royale, une vue imprenable…Il semble naviguer sous le Pont-Neuf comme il a traversé les siècles, « en flottant, mais sans couler », à l’image de la devise de Paris…

Henri IV n’a jamais connu ce jardin qui porte son surnom fringant. Et pour cause : sa création date de 1884, près de trois siècles après son sacre. Si le square de Vert-Galant s’appelle ainsi, c’est en raison de la statue du bon roi Henri qui le surplombe, à hauteur du Pont-Neuf, 7 mètres plus haut.

Cette statue équestre n’est pas l’originale de 1614, déboulonnée dans la fureur révolutionnaire. la nouvelle est l’œuvre de François-Frédéric Lemot, réalisée avec le bronze de la première mouture du Napoléon de la colonne Vendôme.

Le bûcher des Templiers

Il est difficile d’imaginer aujourd’hui que ce même triangle de verdure paisible et souriant, d’où les promeneurs jettent du pain aux cygnes, fut, il y a sept siècles, le théâtre d’un supplice. Une plaque commémorative le rappelle pourtant, au pied de l’escalier qui monte du square vers le pont.

C’était en 1314, ce dimanche 18 mars où Jacques de Molay, dernier grand maître des Templiers, périt dans les flammes avec un autre dignitaire de l’ordre du Temple, Geoffroy de Charnay. D’une fenêtre de sa résidence, l’actuel Palais de justice, Philippe le Bel contemplait le bûcher dressé sur ce qu’on appelait, à l’époque, « l’île aux juifs ».

Cap sur le plaisir

La pointe de l’île, en forme de proue, semble vouée à connaître les destinations les plus diverses…Elle faillit même hériter d’un obélisque pareil à celui de la Concorde, mais les travaux lancés par Napoléon s’arrêtèrent à la chute de l’Empire.

Depuis la fin de l’Ancien Régime, elle accueillait déjà non plus un bûcher, mais un établissement de bains proposant quelques deux cents baignoires ! Et cent ans plus tard, en 1865, ce sera le siège du Vert-Galant, un café-concert très en vogue…jusqu’à ce que la neige, la glace et, pour couronner le tout, la crue de la Seine en aient raison pendant le terrible hiver 1879.

Après quoi l’État vendit à la Ville de Paris pour un franc symbolique ce terrain qui offre une fabuleuse perspective sur le Louvre, l’hôtel de la Monnaie et la coupole de l’Institut.